Meurtre à l'indienne by J.B. Livingstone

Auteur:J.B. Livingstone [Livingstone, J.B.]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2016-12-11T00:00:00+00:00

CHAPITRE XXIV

Scott Marlow hocha affirmativement la tête, mais n’en pensa pas moins. En faisant sa scandaleuse citation, le milliardaire avait révélé l’un des défauts de sa cuirasse : cynisme et cruauté. Le superintendant était convaincu que l’homme d’affaires n’était pas étranger au crime, et cette découverte ne lui remontait pas le moral.

C’était précisément la complication qu’il redoutait.

— Jouons cartes sur table, proposa Desmond Williams-Mokhsa, avez-vous déjà un suspect ?

— Nous n’en sommes pas là, mais un détail nous trouble, déclara Higgins ; il semble qu’une violente controverse ait opposé Henry Fowley à Abigail Davies.

— Vous m’en voyez fort surpris, inspecteur.

— Ne connaîtriez-vous pas la raison de cet incident ?

— S’est-il réellement produit ? Non, vous n’en avez pas la preuve. Bikkou n’a pu être mêlé à un incident de ce genre. Autour de lui, il n’y avait que paix et harmonie. Quant à Abigail Davies, si vous la soupçonnez de meurtre, vous faites fausse route. C’est une personne parfaitement respectable, incapable de commettre un acte violent, même si son caractère est parfois un peu… difficile.

— C’est vous qui l’avez engagée, n’est-ce pas ?

— Comme tous les autres permanents du temple de Krishna, inspecteur.

— Pour quelle raison ?

— Abigail Davies réunit des qualités très contradictoires : un intérêt profond pour le bouddhisme et la spiritualité indienne, et une vigilance très occidentale par rapport au monde matériel. Grâce à elle, je dors tranquille… Je sais qu’aucun objet précieux ne sera volé dans le temple de Krishna. De nos jours, n’est-ce pas une bénédiction ?

— N’aurait-elle pas dû adopter les vêtements traditionnels ?

— Quelle importance, inspecteur ? Ce n’est que l’apparence. Ce qui compte, ce sont les pensées qu’Abigail nourrit en son cœur et qui la feront accéder à la délivrance.

— Savez-vous que les permanents sortent parfois au temple ?

— C’est tout à fait normal, inspecteur ; ils ne sont pas cloîtrés. Mais au moins l’un d’eux n’a jamais quitté le sanctuaire : Bikkou. Et je doute que le brahmane Natho soit un amateur d’escapades. Pour les autres, je suppose qu’ils avaient de bonnes raisons pour aller de temps à autre dans le monde extérieur.

— Apparemment, ce n’était pas pour vous un sujet de préoccupation.

— En effet, inspecteur.

— Avez-vous vu l’arme du crime ?

— Non.

— Le fait qu’il s’agisse d’un poignard vous inspire-t-il une réflexion ?

— Pas la moindre.

Higgins tourna une page de son carnet noir.

— Pourquoi avez-vous choisi M. Kalinga comme supérieur ?

— Parce qu’il avait les qualités requises pour remplir cette délicate fonction. Malgré son apparence brutale, il a le sens des compromis et cherche toujours à arranger les choses. De plus, il est profondément attaché au temple de Krishna et se réjouit de sa prospérité.

— Aucun reproche à lui adresser ?

— Non, inspecteur.

— Pourtant, vous songiez à le remplacer et vous aviez choisi Henry Fowley, donc un personnage moins extraverti que M. Kalinga. À la suite de son refus, pourquoi ne pas envisager la nomination du brahmane Natho ?

Le milliardaire sourit.

— Vous êtes redoutable, inspecteur ; j’ai l’impression qu’il vaut

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